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Mari Kalkun

estonian fairytales

en communion avec la nature

mari kalkun et le pouvoir de la musique 

Le dimanche 16 juillet, Mari Kalkun clôturera le Walden Festival dans un cadre très particulier. Installée parmi les dinosaures du Musée des sciences naturelles, l'auteure-compositrice-interprète estonienne revisitera des chansons et récits anciens de son pays, dans des compositions aux multiples facettes. La dramaturge Lalina Goddard l'a rencontrée et a cherché à savoir ce que des histoires multiséculaires pouvaient nous apprendre aujourd'hui et si la musique avait le pouvoir de nous reconnecter à la nature.

 

Au Walden Festival, vous présenterez des morceaux de votre nouvel album, Stories of Stonia, qui sortira le 7 juillet chez Real World Records. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Au cœur de ma musique, il n’y a toujours que moi, ma voix et les sons acoustiques du kannel, mais je pense que j’ai évolué dans ma façon de penser la composition. J'ai superposé de nombreux sons différents pour créer une texture multicouche. C'est comme une trame de tissu dont les fils s’entrecroisent. Parallèlement aux différentes couches sonores, il y a une foule de facettes culturelles présentes dans ma musique, comme le tout premier poème estonien jamais publié, ou les chansons de l'ancienne tradition des Võros. Cet album est ancré dans des mythes vieux de 2 000 ans que j’entends explorer. J'étais curieuse de savoir si ces histoires anciennes pouvaient trouver un écho dans les enjeux de nos sociétés modernes, comme la relation entre l'humain et la nature.

 

Pourriez-vous nous donner un exemple des récits qui ont nourri vos compositions ? 

L'une des chansons de l'album s'intitule Kuldnaine, la « femme en or ». Ce conte ancien relate l'histoire d'un homme qui décide de se forger une épouse en or. Quand cette magnifique femme d'airain est enfin achevée, il l'emmène dans son lit. Là, il se rend compte que cette femme est incomplète. Il lui manque quelque chose, mais quoi ? Il s'avère qu'elle n'a pas d'âme. Elle est froide comme l’or, et frigide. Il en vient à la conclusion que c'était une fausse bonne idée (rires). Pour moi, cette chanson exprime bien les croyances que cultive notre monde matérialiste. On a l'impression que tout s'achète, même le bonheur. Le monde est habité par la fièvre de l’or et est avide de biens matériels. Cette histoire était déjà chantée il y a 2 000 ans. 

 

Dans votre musique, la nature semble omniprésente. Qu’est-ce que ça fait de chanter notre lien avec la nature à une époque où l’humain, par ses actes, détruit la planète ?

Oui, je pense que la relation entre l'homme et la nature a toujours été le thème central de ma musique. Avec Stories of Stonia, je l'aborde peut-être davantage sous l’angle conflictuel. Aujourd'hui, des domaines comme l'économie dictent la plupart de nos décisions, alors que nous devrions vraiment donner la priorité à la nature et comprendre que nous en faisons partie. Nous ne pourrons jamais prédire les conséquences de nos actes, mais ce dont nous sommes sûrs, c'est que la nature sera toujours plus forte que nous. Elle survivra sans les humains, mais les humains pourront-ils survivre sans la nature ? J'en doute. Il serait donc sage de la respecter. 

"J'étais curieuse de savoir si ces histoires anciennes pouvaient trouver un écho dans les enjeux de nos sociétés modernes, comme la relation entre l'humain et la nature."

Je pense que nous avons, pour la plupart, perdu le lien avec la nature, même si j'ai l'impression qu'il est encore vivace dans les régions rurales de l'Estonie, là où je vis. Là, les mêmes familles ont traversé les siècles. Nos ancêtres ont toujours dépendu de la nature. Ce lien est entretenu par les chansons et les récits transmis de génération en génération. L'Estonie est considérée comme l'un des pays les moins religieux d'Europe, mais nous ne sommes pas pour autant des incroyants. Beaucoup d’Estoniens ont encore une vision animiste du monde. Nombreux sont ceux qui croient que certains arbres sont sacrés. À Võrumaa, on cultive la tradition des arbres à croix. Quand une personne meurt, on sculpte une croix dans un arbre qui devient le compagnon du défunt. Ces traditions perdurent tout en cohabitant avec des évolutions lourdes de conséquences pour notre environnement.

 

Pensez-vous qu'à l'heure actuelle, la musique soit capable de changer le monde ou est-ce faire preuve de naïveté ? 

Oui (pause). En fait, j'ai besoin de croire que la musique a un pouvoir magique. Je dois continuer à y croire et je sais que les mots ont toujours eu énormément de force. Le pouvoir des mots (sõna vägi) est un concept bien connu dans la culture estonienne. Je pense que nos actes et leurs manifestations découlent de nos idées et de nos modes de pensée. En d'autres termes, le monde physique est une conséquence du monde mental. Je crois que le mental est la source de toute chose, et la musique fait définitivement partie de cette sphère. Je crois au pouvoir de la musique. Une jolie chanson comme Imagine de John Lennon n'a pas apporté la paix dans le monde. Pourtant, je suis persuadée qu'elle en a incité beaucoup à réfléchir sur les raisons et le bien-fondé de nos actes. 

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